SNCF de la Providence à l’Aventure …
7h27, Gare d’Austerlitz, les sacs à dos, les cordes, les chaussures de randonnées … c’est le grand départ pour le centre de la France. Intercités, les carrés confortables, les grandes fenêtres, le roulis, le chariot ambulant, le monorail, La Sout., Limoges, la plus belle gare de France … Pousser jusqu’à la dernière gare. Trouver la plus petite voiture qui soit. Rouler sur les départementales. Se reposer dans un hamac sous un tilleul quand la pluie tombe en lourdes gouttes.
Remonter dans un TER, le grand carré derrière la cabine du conducteur, la grande fenêtre, les petites gares abandonnées qui s’égrènent, la route s’éloigne, la voie ferrée s’enfonce dans la gorge, les branches caressent le train. Une nouvelle gare d’un bout du monde. Nous avons marché sur les volcans, grimpé dans les orgues, récolté des mûres, des prunes et des noisettes. Puis nous sommes remontés dans un TER… les plateaux infinis de l’Aubrac et de la Lozère défilent à l’Est et à l’Ouest. Ce soir c’est la nuit des étoiles.
Dernière étape de notre voyage. Millau — La Rochelle, en train, sans passer par Paris, sans TGV. Nous avions appris que notre TER pour rejoindre l’Intercités à Bézier était remplacé par un car depuis la veille. Les informations se croisent mais ne collent pas. Finalement ce sera un car pour Rodez, puis Rodez Toulouse en TER pour retrouver l’Intercités qui doit nous mener à Bordeaux, pour enfin rejoindre La Rochelle. Un changement d’itinéraire que nous subissons et qui nous coûte de l’argent et un déclassement. L’agente SNCF à Millau de mauvaise grâce nous impose cet arrangement … ou bien c’est direction Bézier où plus aucun train dans la journée ne partira vers l’Ouest. L’agente SNCF du service Grand Voyageur au téléphone, nous assure qu’elle compatit, mais qu’elle ne gère que les TGV. L’une assurant qu’elle ne pouvait agir que sur les lignes régionales, l’autre assurant qu’elle ne pouvait agir que sur les lignes nationales … Voyager en train c’est une Aventure madame ! … Dans l’Intercités à Toulouse, nous retrouvons un train de souvenirs ferroviaires = ici des wagons d’un Corail Irun Vintimille ! ici le matériel roulant du Paris Limoges ! ici il fait un chaleur à crever, là un froid de gueux. Nous sommes assez fatigués, la mollesse des baquettes poussiéreuses nous assoupit. Merci Roger.
Montauban. Stop, vous pouvez descendre sur le quai, on ne sait pas quand nous repartirons. Le TGV nous dépasse. Nous repartons avec 30 minutes de retard. Un doute pour la fin du voyage, la correspondance à Bordeaux… Le contrôleur ne nous rassure que moyennement en nous assurons que nous n’aurons des indications de la SNCF qu’une fois en gare de Bordeaux. Finalement l’Intercités arrive en gare de Bordeaux avec moins de 30 minutes, même voie que le dernier TER pour La Rochelle de la journée. Pas de G30, mais pas de correspondance. Éventuellement nous pourrons être logés à l’hôtel à Bordeaux, pour finir notre voyage dans la matinée demain. Sans un regret, sans un dédommagement. “Vous comprenez madame il y a les Intercités et TGV … et les TER ?” … “Comment?? ! mais tous ces trains, ces voyages sont sous la bannière SNCF et sont vendus par SNCF connect !?” … “Oui … mais non, désolée madame, on ne peut rien nous qui sommes agents SNCF … Oui madame, voyager en train c’est une Aventure madame” …
L’Aventure SNCF, c’est un imbroglio entre les lignes nationales et les lignes régionales qui rendent impossible, même en y mettant le prix pour voyager dans des trains construits il y a plus de 45 ans, de voyager de région à région, sans passer par Paris. L’Aventure SNCF, c’est l’expérience d’un pays en voie de sous développement. L’Aventure SNCF, c’est faire payer aux clients le manque de vision et de d’investissement coordonnés entre l’Etat et les régions. L’Aventure SNCF, ce sont des régions sinistrées du rail, où sans égard pour les usagers, un TER est remplacé par un car dans la journée qui ne part ni n’arrive à la même heure, parce que LE chauffeur ne s’est pas présenté. L’Aventure SNCF, c’est la nostalgie du service public, de l’état Providence, cet état qui veillait au bonheur des français ...
