s’abandonner dans les dynamiques des paysages et des visages

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6 min readSep 9, 2022

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Juillet 2022 en Bretagne, la fenêtre ouverte sur le jardin n’opère plus, son pouvoir simplificateur est cassé : ça sent le brûlé. Juillet 2022, les corneilles, la chaleur, les zombis de la modernité … Juillet 2022, les enfants rient encore, les parents embrassent encore … Juillet 2022, puisqu’il faut être vivant il a fallut être de #Feu !

Avoir le #Feu, avoir l’énergie de prendre le train, pour sortir de cette fenêtre, pour se donner du large, pour capter un souffle d’air frais au près d’une jeunesse européenne résolument décarbonée, pour trouver un hors-pistes … au delà des frontières du confort : #cracktheWild ! Nous avons donc cheminé de trains en trains, de gares en gares, de villes en villes vers un pays Slave. Nous avons donc branché notre automobile de location pour se perdre au fond de ces autres vallées des Alpes, plus enfoncées, ou la biodiverstité serait plus préservée ? Nous avons été en voyage pour grandir, pour s’entretenir ! Tous les quatre : Aimée, James, Paul et moi, avons rebouclé notre sac de voyage (tente, popotes, duvets, chaussures de montagne, corde, chaussons, maillots de bain et un short, un t-shirt et un bouquin chacun !) avec l’excitation de ceux qui savent les pleins et les déliés de la vie dans un dehors à découvrir, là où se sèment les graines ensauvagées. Tous les quatre : Aimée, James, Paul et moi, avons persévéré à tisser des liens qui nous autorisent à sortir des cadres, sans perdre notre capacité à avancer … cet espace temps distendu par l’autonomie, cette liberté individuelle qui ne tiennent qu’à condition de la permanence du sentiment de confiance en toutes circonstances … même quand “on” est pas prêts.

“On” est pas prêts quand on est chemine là où nos pas ne se sont jamais posés. “On” est pas prêts quand on marche dans l’incertitude. “On” est pas prêts quand on ne comprend pas bien les codes, les comportements, les clichés et le langage de ceux qui nous entourent. Depuis 11 ans que nous sommes parents avec Paul, nous avons acquis un certain nombre d’habitudes, de certitudes pour emmener nos enfants à l’extérieur : nous avons établit nos standards entre le confort et la sécurité, l’effort et l’ennui, le silence et l’encouragement, la fatigue et la vacance, la gourmandise et l’urgence de recharger les batteries… Depuis 11 et 6 ans, James et Aimée ont acquis un certain nombre d’habitudes à vivre à l’extérieur = dormir, manger, jouer, faire leur toilette, rêver, laisser exploser leurs énergies, rire, se fâcher, s’éloigner, revenir encore dans nos bras.

L’inconnue de cet été c’était la Slovénie = “faut pas déconner, c’est pas si éloigné que ça la Slovénie, c’est l’espace Schengen et il y a l’Euro !” … oui ! mais les yeux et le ton Slave, c’est beau et c’est différent, même pour Aimée avec ses longs cheveux blonds… oui ! mais rouler sur des pistes de terre juste après avoir rechargé l’automobile sur la place du dernier village, c’est étonnant et smart, même pour Paul avec ses connaissances en services d’hydrogène et électricité pour les mobilités… oui ! mais des pommiers qui poussent un peu partout dans la campagne, le bruit du vent dans la forêt, des insectes, des serpents, des fleurs partout et des hirondelles qui virevoltent, c’est passionnant et palpitant, même pour la sensibilité de James … oui ! mais les organisations sociales qui tiennent à la fois d’une tradition catholique et d’un héritage communiste, c’est inspirant et déstabilisant pour moi !

Un dimanche, lors de la fête du village, nous dégustions un brunch composé de produits issus des fermes locales servit par des femmes habillées comme à Berlin, à la sortie de la messe des tires de fusils accompagnent les cloches, les jeunes conscrits sortent en groupes pour s’égailler dans les jardins dressés de tables sur tréteaux pour s’enivrer en chantant. Plus tard dans les hauteurs, des groupes descendent en riant à moto, à vélo, à pied ou entassés dans des petites voitures, les carillons des chapelles se répondent, les bulbes rivalisent avec les grands chênes de majestés. C’est du folklore ? Une sensation d’une mise à distance des histoires personnelles dans une injonction douce à obéir aux règles de partages des espaces et rituels communs pour faire le pont entre la tradition et l’âge numérique ? Un folklore assez vivant pour performer les paysages et les visages en une croyance commune dans la montagne, les rivières et les étoiles ?

La société Slovène, m’évoque aussi un sentiment d’uniformité, d’imperméabilité, de fermeture … L’équilibre est étroit ! Le long des sentiers qui montent vers le Triglav, la frontière entre l’un ou l’autre des versants de la montagne est périlleuse, la frontière entre la frayeur et la réjouissance d’avancer à cette hauteur est ténue. La ligne entre la vie et la mort est une expérience physique. Aimée, James et Paul dansent entre les échelles et les câbles qui équipent les chemins. Il faut que je rentre dans le mouvement. Mais ce vide spatial d’un pas à l’autre me déséquilibre : est ce que mon appartenance au monde est si chancelante ? “Si je meurs c’est pas grave” la petite comptine adolescente ne fonctionne plus si bien quand on est mère … “Tu sais maman, dans la vie il y a la mort” dit Aimée après que je lui ai raconté ma maman. Il faut que je rentre dans le mouvement. Il faut que je m’inscrive dans la continuité des visages : les souvenirs de marches à poursuite de ses pas … la force, la vitalité des enfants … l’attention de Paul. Toujours curieuse d’aller encore un peu plus loin. Toujours émerveillée par les forces telluriques, végétales et animales … J’ai marché malgré mon instabilité, malgré la peur, malgré l’incertitude … Un pas après l’autre, le long des crêtes et des apiques entre les interstices vertigineux.

De l’autre côté de la montagne, dans les yeux d’Aimée je lis “bravo Maman, tu es une super “Wuman””. Je pleure et je ris, j’ai le #feu.

Nous sommes redescendus au creux des vallées, dans le calme profond d’une foret, nous nous sommes lovés dans un bivouac secret. Resserrée entre les arbres et eux, rassérénée d’avoir vécu intensément cette beauté. Le bon sens sera peut être cet interstice vertigineux ? Vivre avec les corneilles, en attendant le retour des hirondelles … ce ne sera pas un environnement confortable … ce ne sera pas gagnable contre les autres … ce sera périlleux et imprévisible … peut être qu’il faudra avoir le courage de s’abandonner aux visages et paysages qui nous dépassent en tant qu’individus ?

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