libres d’épouser les pleins et déliés de la vie
La vacuité, le vide du confinement sanitaire; le vide de l’ennui; le vide des contre sens; le vide de la vie hors sol; le vide du mouvement arrêter; le vide … quand il y a tant à combler … tant de combats à mener. Mais se mettre en vacances pour se laisser envahir par le fracas des vagues, les cimes assourdissantes ? La saturation de l’espace; la saturation du temps; la saturation en air, eau, terre et feu; la saturation de vie sous la plante de pieds, au contact des mains, partout sur la peau, dans le nez et la bouche; la saturation d’air dans les cheveux; la saturation est sauvage. Se mettre en vacances à l’autre bout du pipeline, à l’autre bout de l’énergie facile, du confort, du tout immédiat. Se donner quelque jours pour se débarrasser des convenus, couper nos fils et autres connexions, déposer le poids d’un confort en plastique. #CrackTheWild pour entrer dans la matérialité du vivant.
Nous on a besoin du beau ! Choisir la beauté et librement s’enfoncer dans les paysages… devenir le paysage… considérer chaque fleur chaque insecte… s’étonner de chaque oiseau, champignon… reconnaître un pin, un hêtre, un chêne… voir les yeux d’un cheval, cerf… s’allonger dans un pré de plantains, caresser le rocher roux doré de soleil. Chaque pas est plus puissant d’odeurs et bruissements. Des Pyrénées à l’Atlantique gravir, escalader, avancer … le mouvement des vacances à tempo.
Le tempo d’une danse dans les pleins et déliés de roche et d’eau, est une progression inexorable dans le temps. Il y avait un avant, il y aura un après. Le cocon de soie se déchire pour laisser s’échapper des papillons légers, fragiles, éphémères et libres. Dans nos campements aux confins des forets sauvages ou des villages endormis, malgré la membrane de toile de tente ou draps, le corps des enfants endormis contre nos cœurs au creux de nos bras… s’échappe. Jour après jour, nuit après nuit nous voyons s’opérer sous nos yeux la métamorphose de l’enfance : ils grandissent. Ils sont beaux et élancés. Tout en élasticité et légèreté, ils gravissent les hautes montagnes, escaladent les parois rocheuses, se laissent bercer par les vagues monstrueuses. Du bout des doigts on peut encore orienter leurs regards, proposer une direction… Libres et sauvages, les enfants marquent le tempo. Les enfants devant nous repartons : la marche comme une longue confidence, l’escalade comme une nécessaire confiance, le nomadisme pour s’alléger et aller encore plus loin dans les pleins et déliés des paysages. Saturée de silence, de la cime des montagne aux fracas des vagues, cette vacance nous donne le temps et l’espace de nous rassembler sur le bon tempo. Cette vacance nous donne l’espace nécessaire pour épouser le monde et le vivant.
Ces vacances, nous avons été libres de nous métamorphoser, de nous fondre dans une forme d’après : plus belle, plus profonde, plus intense. Ne plus composer avec des stéréotypes et des cadres… pour cultiver une vie. Une vie comme dans les réalités mystiques d’un Miyazaki : pleines de nuances et de morales relatives. Dans nos images et récits d’efforts, émerveillements, colères et surprises nous cultivons une légende intime, nous définissons les codes de notre morale, nous forgeons nos valeurs.
Dans les pleins et déliés de la vie, épouser une nouvelle forme d’être pour soi et ensemble. Après les mirages utopiques, sentir un nouveau contrat social prendre forme. Le tempo des paysages et l’harmonie du vent pour accorder nos consentements à un équilibre des communs vivants.
