l’enfance et les mondes possibles
Le huis clos familial a ouvert mes yeux de parent sur l’incroyable #Enfance : combien elle est exigeante, remuante, intense, changeante, stupéfiante... Une enfance pour une génération “lock down” coincée entre 4 écrans #UnReaLife dans le fantasme #InRealLife : le vivant, la nature, les animaux, les plantes, la terre, l’eau, les cailloux ? Une génération de pairs qui construit sa relation à la société et aux mondes dans le même bain d’influences. Si dans mon enfance, pour ma génération, mon réel était marqué de l’idéal du progrès industriel, de la quête de liberté absolue, des conditions du mondialisme , avec pour revers de la médaille la compétition amorale … l’enfance de mes enfants ce sont d’autres idéaux, richesses et peurs … Toutes les enfances ne sont pas égales, mais tout le monde a une enfance. Je crois que l’on peut observer que le droit des enfants est respecté, quand leur faculté à jouer est préservée. Une sécurité matérielle et émotionnelle qui leur accorde du temps pour créer et développer des jeux puis les faire atterrir, une sécurité qui leur donne les moyens d’ouvrir et fermer des mondes possibles. L’enfance c’est donc un groupe historico-culturel qui fait ensemble avec un monde actualisé par leurs parents, qui grandit, interagit et joue ensemble.
Le #jeu comme une énergie pour oser être libre : une poésie sans contraintes … “et si … alors” … un jeu infini, sans fin comme une conquête sur le réel, pour en repousser les limites, ouvrir de nouveaux possibles, manipuler une autre réalité. “et si … alors” … le jeu ou l’ouverture des #MondesPossibles, un exercice de combinaisons d’éléments réels, des #combinatoires qui font appel à la #logique des #ensembles. Le jeu des enfants est le fruit de leur faculté à concevoir une logique de mondes possibles, à manipuler les probabilités des imaginaires. La pluralité des mondes possibles répondrait donc à une mathématique de l’#imaginaire ?... Les enfants savent que le monde actuel est un possible, mais pas le seul … et ils savent imaginer et faire vivre d’autres possibles de manière assez logique pour qu’ils tendent vers un réel concret. Les enfants jouent, passent leur temps à imaginer des possibles puis à évaluer les causalités en termes de plaisir et efforts à fournir par rapport à l’actualité que nous adultes imposons.
Les mondes possibles s’appuient sur des imaginaires assez puissants pour durer dans le réel des enfants plusieurs jours. Les enfants entre eux maintiennent cet imaginaire en entretenant un #échange continu, un bruit fait d’interpellations, des pressions, de sensations, de tensions et chansons … Un bruit constant qui protège comme une bulle leur imaginaire. Cet imaginaire les plonge dans des plaisirs inattendus, puis ensuite espérés, répétés et augmentés par le jeu… et quand la magie n’opère plus, qu’il n’y a plus d’intensité dans le #plaisir produit dans le jeu … c’est que ce monde est devenu trop petit : il faut re-ouvrir le champ des possibles ou imaginer un autre monde. Les enfants entre eux ne sont pas doux : ils vivent leurs confrontations physiquement, luttent pour imposer leur vision, peuvent exclure l’un d’entre eux … mais souvent font avec en essayant d’imposer un “pouvoir” une faculté créative pour infléchir l’imaginaire. J’ai remarqué qu’ils ne font pas tout ensemble, qu’ils ne #coopèrent pas vraiment : ils font côte à côte dans le bruit qu’ils génèrent… avec une sorte d’instinct à prévoir des passerelles pour raccorder, tisser les bouts du décors de l’histoire. Les enfants entre eux s’organisent en s’initiant les uns les autres, pour qu’ensemble ils puissent faire grandir le monde possible et faisant grandir leurs capacités, leurs intelligences et leur courage. Ils ont des instincts pédagogiques pour amener l’autre à faire comme moi : l’exemple, la persuasion, l’encouragement. “Attends je te montre”… “Allez on va le faire ensemble” “tu es prête” “allez allez allez encore un virage” “avec moi !” … Et puis il y a un jour où l’on ne trouve plus du plaisir à apprendre de nouvelle chose, où on fait trop semblant, où on sent que l’on se voit entrain de faire, où l’on met à distance la possibilité du monde, et on l’annule à soi même. “et si … ” on était devenu trop grand.
La difficulté à l’âge adulte de concevoir des mondes possibles, vient peut être de ce que l’imagination est limitée par le miroir d’un réel rassurant, confortable parce que déjà vu… un certain renoncement à l’effort et aux nouveaux plaisirs. Qu’il est difficile de jouer avec d’autres éléments … qu’il est difficile de se laisser aller à glisser de l’autre côté du miroir pour entrer dans les imaginaires du vivant, de l’animalité, des fétiches, des énergies, des horizons, des visages, du temps, de l’espace … comme autant de combinaisons de mondes possibles. Cet hiver avec mes enfants j’ai joué à un monde possible #deep dans la montagne, la neige, le froid, d’expéditions #horspistes, d’isolement, d’animaux sauvages … ce monde était réel, désirable, beau et fragile… c’est notre #folklore… quelle probabilité pour qu’il soit d’actualité quand ils seront grands ?