From Paris … with Love !
Si les semaines de confinement enfermés chez nous dans Paris, ont été un agent révélateur du chaos total qui régnait dans la ville avant … Les semaines JOParis2024 en vacances de notre chez nous, Paris, ont été le manifeste d’une ville ouverte, légère, joyeuse, créative, débrouillarde pour habiter demain. Oui ! quand je rentre à Paris, mes parisiens d’enfants sous le bras, je suis soulagée et j’ai le sourire. Depuis presque 10 ans, je navigue entre notre maison à nous (à Paris donc), et d’autres foyers familiers de ci de là en France. Je sais habiter de manière intermittente : entretenir, ménager une vie pour nous, là où les nécessités ou envies nous portent. J’apprécie les jardins, l’abondance des hypermarchés, l’évidence des petites villes, les pièces en plus, les paysages dégagés, la proximité des bois, plages ou montagnes … mais par intermittence : comme des respirations, avec la certitude de “retourner, plein d’usage et raison” vivre chez moi, au cœur de ma vie, Paris.
Depuis ces résidences intermittentes, j’observe et expérimente des modes de vie qui sur l’essentiel restent continus, mais dont les marges matérielles semblent s’écarter de plus en plus rapidement. Est ce que ce n’est qu’une question de revenu ? J’ai l’impression que l’écart grandissant se perçoit dans la présence de trames vertes, brunes et noires, dans la consistance des réseaux de transports et communications, dans la densité des habitations, dans les habitudes de relations entre les uns et les autres, dans le maillage des magasins, des écoles et des services publics. Ce qui différencie mon habitat à Paris, c’est la nature, la diversité et l’intensité des relations avec les autres, humains et non humains.
Habiter à Paris, reste une expérience du cosmopolitisme, de la curiosité, de l’envie de l’autre, de l’accueil, de l’ouverture, de la confiance. La ville est en communication permanente avec le reste du monde. Paris est un cliché universel, et pourtant ne cesse de se nourrir de toutes les poésies de ses visiteurs. C’est la confiance en la solidité d’une histoire, d’un paysage, d’une culture … qui permet de voir, d’écouter, d’entrer en communication avec les poésies venues d’ailleurs pour se traduire, s’adapter, changer … et donc rester Paris.
Habiter à Paris, c’est voir les résultats d‘une vision “la ville du quart d’heure” dans la qualité de l’air : moins de voitures, moins de bruits, plus de perspectives en se déplaçant dans les rues, malgré la densité, plus de jeux dans les rues aux enfants, plus de végétations et canopées majestueuses. Et oui, cette amélioration se mesure scientifiquement. Et oui, c’est impressionnant de voir depuis la butte Montmartre plus loin, bien plus loin que le mont Valérien ou la forêt de Montmorency. Et oui, c’est surprenant de capter des conversations dans la rue. Et oui, ma fille ne déclenche plus de crises d’asthme.
Habiter à Paris, c’est littéralement vivre les uns sur les autres. L’espace est de fait un commun. Sa gestion au quotidien est une succession de micros arbitrages et négociations : avec les voisins de métros, les co-proprios, les parents de l’école, les clients dans la file d’attente de la boutique, les fêtards le jeudi soir, les vélo-tafeurs sur la PC Réaumur Sébastopol … Et puis il y a les fois où il faut faire corps, se mobiliser, se coordonner pour un autre, pour les enfants, pour les migrants ... J’ai l’impression que quand on est les uns sur les autres, c’est plus compliqué de ne pas être sympathique. Alors on boit des cafés, on fait des crêpes, on discute, on pose des banderoles, on laisse des colis dans les loges d’école, on écrit aux politiciens, on prépare des dîners pour 10, on fait des manifestations devant la mairie, on fait des boucles whatsapp énormes ! … et des fois ça marche…
Habiter à Paris, c’est faire ses courses dans des boutiques au quotidien. Ces boutiques du bout de la rue, que l’on visite plusieurs fois par semaine, qui font l’image des habitants du quartier. Ces boutiques sont essentielles, comme les marchés le long des boulevards. Souvent aidées par la mairie, pour maintenir ce réseau nécessaire à subvenir aux besoins des habitants. Un réseau de subsistance et un réseau sociabilité qui permet tenir ensemble une économie à côté de l’industrialisation de la nourriture et de l’agriculture, du vêtement, de la cosmétique… Dans les relations commerciales proposées par la ville, j’ai l’impression qu’il est proposer à chacun de mieux maîtriser sa consommation, de s’affranchir d’usages qui ne font pas une habitude, un habitus.
Alors si vous venez à Paris … non, la ville n’est pas peuplée que de bisounours ! et oui, les parisiens restent souvent pressés, surtout en vélo … et oui, ils arrivent qu’ils regardent des écrans dans le métro (même si les livres de poches sont tendance) … et oui, dans la masse de la ville, les différences de revenus entre les plus riches et les plus pauvres sont terrifiantes. Cependant, Paris, comme les villes en général sont d’incroyables espaces de #liberté. “La liberté repose aussi sur la présence du bien, de ce qui permet l’épanouissement de notre humanité. La sécurité, l’éducation, la solidarité, par exemple, sont essentielles à la liberté ; celle-ci ne doit pas se concevoir uniquement comme une résistance à l’oppression, mais aussi comme une force créatrice et féconde.” Timothy Snyder. J’espère que les villes, même les plus petites cultiveront cette liberté positive, pour les autres, pour sortir du chaos que nous impose l’idéologie de la droite réactionnaire et extrême.